Americanah - Chimamanda Ngozi Adichie - Audio

Livre audio – Americanah – Chimamanda Ngozi Adichie

Americanah - Chimamanda Ngozi Adichie - Audio

Americanah est un roman de Chimamanda Ngozi Adichie paru initialement en France aux éditions Gallimard en 2015, et toujours chez Gallimard dans la collection audio Ecoutez lire le 11 janvier 2018, lu par Astrid Bayiha, dans une traduction de Anne Damour.

Résumé :

«En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire.» Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
À la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d’ombre, Americanah est une magnifique histoire d’amour, de soi d’abord, mais également des autres, ou d’un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés sur la race ou le statut d’immigrant, et parcourt trois continents d’un pas vif et puissant.

Avis :

J’ai eu la chance de tomber sur ce livre audio lors d’un de mes passages à la médiathèque, alors qu’il est relativement récent… je l’ai pris sans hésiter, car ça fait longtemps que j’avais envie de découvrir ce titre, sans jamais prendre le temps de me lancer, comme trop souvent avec les livres plus imposants, ou encore ceux dont j’ai entendu trop de bien. Je sais, ça peut paraître étrange, mais j’ai toujours du mal à aller vers les livres dont j’ai entendu trop de bien, même si ils me tentent beaucoup. J’ai toujours peur d’en attendre trop et d’être déçue.

Pour information, ce livre, qui fait plus de 500 pages dans sa version papier, dure environ 19h30. Ça peut sembler énorme dit comme ça, mais je l’ai lu sur plusieurs semaines, et en général, j’écoute mes livres audio à une vitesse de 1,4 ou 1,5. En effet, si j’apprécie d’en écouter des passages à vitesse réelle pour profiter au mieux des qualités du lecteur, je trouve souvent que les lectures sont très lentes par rapport à mon rythme habituel, donc je m’adapte. L’appli Kobo permet de varier la vitesse, mais aussi Audipo, une appli téléphone gratuite qui permet entre autres de gérer la vitesse de défilement des fichiers sonores. Je vous parle d’applis car je lis essentiellement les livres audio sur mon téléphone, pendant mes trajets, quand je vais marcher, quand je fais le ménage… et le téléphone est pour moi le moyen le plus simple.

Sans surprise, j’ai adoré la plume et le propos de l’autrice, que j’avais découverte avec Nous sommes tous des féministes, un court essai qui reprend une intervention de l’autrice dans un colloque. Je vous encourage à le lire, c’est une bonne approche à la fois du féminisme et de l’univers de Chimamanda Ngozi Adichie, et il est publié chez Folio dans la collection à 2€. Je vous recommande aussi Chère Ijeawele, lettre à une amie qui lui demande des conseils pour élever sa fille comme une féministe. L’intelligence de ce texte est de prendre en compte le lieu de vie de cette enfant, et d’expliquer à sa mère que dans certaines cultures, il est plus difficile d’être féministe, ou du moins de se déclarer comme tel.

La traduction de Anne Damour est très fluide, et je n’y ai notamment pas rencontré de traduction littérale qui aurait heurté mon oreille, comme ça arrive régulièrement. C’est encore plus prégnant dans les livres audio je trouve.

J’ai dans l’ensemble beaucoup apprécié a lecture de Astrid Bayiha, bien que j’ai eu du mal au début avec le fait qu’elle adopte par moment un accent assez neutre et d’autres un accent africain très fort. J’ai eu dans un premier temps l’impression d’une exagération malvenue, alors qu’en fait il s’agit de mettre en avant à l’oral les propos de l’autrice, et de son héroïne qui se questionne justement sur l’utilisation de son accent, et surtout le fait de le cacher pour s’intégrer.

Concernant le propos du roman, Ifemelu choisit de partir aux Etats-Unis pour ses études, et découvre là-bas ce que c’est qu’être noire, notamment par rapport aux afro-américains. On parle toujours du racisme des blancs envers les noirs, mais beaucoup plus rarement des afro-américains envers les africains. Du moment où Ifemelu arrive aux Etats-Unis, elle se questionne sur sa couleur… et quand elle rentrera au Nigéria, elle ne sera plus noire car « américanisée ». Le fait de voyager lui fait en quelque sorte perdre sa couleur d’origine, ou plutôt lui fait se rendre compte qu’elle a une couleur qui n’est pas celle de tout le monde.

Le deuxième autre gros questionnement du roman est le féminisme. La liberté qu’Ifemelu décide de prendre en arrivant aux Etats-Unis, malgré sa tante qui essaie de la « préserver ». La liberté qu’elle croit pouvoir prendre du moins, car en plus de sa couleur de peau, elle est née femme, et subit les réflexions, réactions déplacées que nombre de femmes rencontrent au quotidien… On la voit donc essayer d’exister en tant que femme africaine aux Etats-Unis, et pour ce faire créer un blog où elle partage ses pensées et expériences, comme par exemple quand elle décide de laisser ses cheveux « naturels », ou d’arrêter de masquer son accent (cf plus haut mes réflexions sur la lectrice).

J’ai adoré suivre la vie quotidienne de cette jeune femme nigériane, ses tentatives d’acclimatation aux Etats-Unis, ses amours, son quotidien, son blog aussi, et la visibilité qu’il lui donne, positive ou pas. Elle est souvent « la femme africaine blogueuse ». Par moments, on s’éloigne de son point de vue pour regarder l’histoire dans le regard d’un autre protagoniste, parfois même sur un autre continent. Ces passages permettent d’avoir une autre vision des choses, même si j’avoue avoir du mal à comprendre certains personnages.

Ifemelu est une femme forte, qui essaie de se battre pour faire progresser la condition féminine, mais qui a aussi parfois ses faiblesses, notamment dans ses relations amoureuses, car les codes sont très différents d’une culture à l’autre. L’autrice s’est appuyé sur son expérience pour nous compter l’histoire d’Ifemelu, tout comme pour rédiger Chère Ijeawele dont je parlais plus haut. Grâce à cela, elle relativise une vision globale du féminisme et du racisme. Si le but est le même pour tous, à savoir la fin des discriminations de toutes sortes, le chemin n’est pas le même suivant le lieu où on vit, notre sexe, notre couleur de peau, ou encore notre milieu social… Il y a hélas des cultures où le chemin est plus long, et parsemé de plus d’embûches.

La grande force de ce roman, et ce qui fait qu’on entre dedans, même si on n’a pas les mêmes origines ou expériences de vie que Ifemelu, c’est l’humour et le recul avec lequel l’autrice traite le sujet. Son héroïne use de la dérision pour supporter son quotidien parfois compliqué, et nous aide par ce biais à mieux intégrer les difficultés, pour certaines énormes, qu’elle doit surmonter. Certaines scènes sont choquantes par leur contenu, mais sont « supportables » pour le lecteur de par la manière dont elles sont racontées. Ce roman évoque des sujets importants, parfois durs, mais sur lesquels on ne peut pas fermer les yeux. Chimamanda Ngozi Adichie brosse ici un portrait à la fois des Etats-Unis et du Nigéria actuels, par le prisme des aventures d’Ifemelu, et nous montre que sur certains sujets, les Etats-Unis ne valent pas mieux que des pays qu’ils dénigrent comme moins civilisés…

Foncez, découvrez Americanah, ou au moins, découvrez Chimamanda Ngozi Adichie, une grande autrice contemporaine, et une femme engagée, à la plume à la fois acérée et pleine d’humanité ♥

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