BD – Midnight Tales 3 – dirigé par Mathieu Bablet

Le troisième tome de la série Midnight Tales, projet coordonné par Mathieu Bablet, est paru le 24 mai 2019 au Label 619 chez Ankama, avec la participation de The Neb Studio (Morgane Schmitt Giordano, Gabriel Amalric, JAF), Thomas Rouzière, Florent Maudoux, Baptiste Pagani, Elsa Bordier, Claire Barbe et Isabelle Bauthian. Ce spécial Japon est une fois de plus un petit bijou…

Afin de profiter au mieux de ce troisième opus, même si dans l’absolu on peut tout à fait le lire indépendamment, il vaut mieux avoir lu les deux premiers tomes, pour découvrir les Midnight Girls et l’Ordre de Minuit dans l’ordre pensé par Mathieu Bablet. Vous trouverez mon avis sur les deux premiers tomes en cliquant sur les couvertures ci-dessous :

Midnight Tales - dirigé par Mathieu Bablet Midnight Tales 2 - dirigé par Mathieu Bablet

Résumé :

Découvrez 4 nouveaux Midnight Tales sur le thème du Japon : « Parasites » scénarisé par Elsa Bordier et dessiné par Thomas Rouzière ; « Devil’s garden #3 » avec Mathieu Bablet au scénario et The Neb Studio au dessin, « Mokusatsu » scénarisé par Mathieu Bablet et dessiné par Baptiste Pagani ; et « Bâton de cendre » signé Florent Maudoux. Sans oublier une nouvelle signée Isabelle Bauthian : onna-bugeisha.

Avis :

C’est parti pour une plongée dans ce « Spécial Japon » !!!

©Ankama

Mokusatu

Illustrations de Baptiste Pagani sur un scénario de Mathieu Bablet

Mokusatu se passe à Hiroshima le 6 août 1945. Un kaiju de type nucléaire s’abat sur la ville, et une escouade de Midnight Girls est envoyée à la rescousse, les ONNA-BUGEISHA. Dans cette histoire, on découvre la version de l’Ordre de Minuit sur les événements du 6 août 1945. Un Yokai est en fait à l’origine de la catastrophe qui a décimé Hiroshima. Envoyé sur la ville par des Midnight Girls américaines à bord de l’Enola Gay certes, mais créature surnaturelle quand même. C’est Makoto Kino qui va sauver la nation, malgré le nombre impressionnant de victimes.

C’est un scénario de Mathieu Bablet qui ouvre ce tome, fil rouge avec les précédents. En tant que « coordinateur » et créateur de la série, c’est lui qui impulse les idées de scénarios et nouvelles, quand il ne les rédige pas lui-même. Les illustrations de Baptiste Pagani sont dures comme l’est la situation. le kaiju est affreux, et les Midnight Girls ont des expressions de visage extrêmement déterminées… Une vision pour le moins originale du drame d’Hiroshima, mais qui colle parfaitement avec les Midnight Tales.

Un dossier du département des archives de l’Ordre de Minuit, reprenant les événements et le traitement qui en sera fait, est inséré à la fin de l’intrigue.

©Ankama

Parasites

Illustrations de Thomas Rouzière sur un scénario d’Elsa Bordier

Toujours à Hiroshima, mais en 1973. Au centre de cette histoire, on trouve Kyoko, la fille adoptive de Makoto Kino. On a affaire à un Kosho, un parasite qui se reproduit se servant d’humains comme incubateurs, ce qui les mène à une mort atroce. En toile de fond, on découvre le quotidien très difficile de Kyoko et des relations compliquées avec sa mère.

Le dessin de Thomas Rouzière est horrifique à souhait, d’autant plus qu’il met en scène des parasites à tête humaine ! Cette histoire signée Elsa Bordier est pleine de sensibilité, et aborde le sujet de la vie privée des Midnight Girls et de la souffrance que le manque de reconnaissance de leurs actions et des risques pris peut entraîner. Et plus largement, l’autrice nous parle de la difficulté d’une adolescente à vivre seule avec sa mère alcoolique et de sa culpabilité. J’ai adoré ce duo mère-fille et leurs relations difficiles.

Article : Mythologie contemporaine du Japon – Claire Barbe

Dans cet article, Claire Barbe aborde deux sujets. En premier les Magical Girls, comme Sailor Moon et de nombreuses petites sorcières comme Sally, Kiki ou Gigi, et leur évolution au fil des ans, depuis l’apparition de Sally la petite sorcière dans les années 60. Et en second, elle revient sur les Kaiju, ces Yokai qui apparaissent dans la première histoire du recueil, Mokusatu.

Cinq versets d’Aizu, nouvelle d’Isabelle Bauthian

Une nouvelle comme un conte tragique, avec des Onna-Bugeisha, des Yokai, et un jeune soldat qui tente de mettre fin à ses jours après avoir survécu à la chute du château dont il avait, avec ses frères d’armes, la garde. Comme d’habitude, tout est fait pour cacher au monde que ce sont des Yokai qui ont attaqué les hommes, et des Onna-Bugeisha qui les ont sauvés. Le texte d’Isabelle Bauthian ressemble à une épopée, aventure et poésie s’y croisent et recroisent et se mélangent pour donner un texte à la saveur originale.

©Ankama

Bâton de cendre

Illustrations et scénario de Florent Maudoux

A Tokyo 2011, on découvre Sakura, une working girl qui sacrifie sa vie au travail, voit rarement sa famille, n’a pas d’enfants, ce qu’on imagine d’une femme qui veut faire carrière au Japon. Le scénario fait des aller-retour entre sa vie quotidienne et sa vie de Midnight Girl, dans une voiture avec trois autres sorcières, en route pour sauver le monde à Fukushima. Car encore une fois un Yokai de type nucléaire a fait des dégâts au Japon… Passionnant de découvrir la vie quotidienne d’une femme japonaise , tiraillée entre modernité et tradition. Passionnant de découvrir un peu plus l’abnégation dont les Midnight Girls font preuve. J’ai adoré aussi le clin d’œil à Maloto Kino et sa fille Kyoko, héroïnes des deux premières histoires du recueil. Une preuve de plus que les Midnight Tales sont plus que des recueils de bandes dessinées…

Article : La vie après Fukushima – Claire Barbe

Un court article qui remet en contexte la catastrophe de Fukushima et ses conséquences sur la vie des habitants de la zone.

Article : Femmes au Japon, entre inégalités ancestrales et féminisme moderne – Claire Barbe

Un article passionnant sur les paradoxe de la culture japonaise, qui semble écartelée entre son passé et ses traditions et la modernité actuelle, voir l’anticipation du futur. Les femmes sont tout particulièrement victimes de ces paradoxes, la société exigeant d’elles qu’elles assurent l’avenir du Japon par la création de familles, et les réalités de la vie nécessitant de plus en plus qu’elles travaillent. Rien n’est fait dans la demi-mesure, et les femmes sont trop souvent écartelées entre tradition et modernité. Si elle fait passer un message important, Claire Barbe n’est en aucun cas vindicative, elle nous expose des faits, et nous laisse le soin, à nous lecteurs et lectrices, de nous faire notre opinion.

©Ankama

Les SŒURS de Sélène

Illustrations de The Neb Studio sur un scénario de Mathieu Bablet

On se trouve ici en 2013, à Ha-Shima, une petite île au large de Nagasaki. D’apparence, cette île m’a fait penser à Fort Boyard (on a les références qu’on peut^^). Je veux dire par là qu’elle nous apparaît comme une place fortifiée, où tout est fait pour vivre en quasi-autarcie. Elle est la « résidence » de nombreux Yokai, protégés par des femmes, combattantes, adversaires de l’Ordre de Minuit. Une fois de plus on retrouve des Midnight Girls des histoires précédentes, Kyoko et Sakura notamment. On voit régulièrement le pendant sombre de l’Ordre de Minuit, mais j’ai trouvé ici qu’on en découvrait beaucoup plus sur ces femmes à l’esprit sombre…

Article: Ha-Shima, l’île fantôme – Claire Barbe

Retour sur l’histoire de cette ville-île aujourd’hui abandonnée, où Mitsubishi s’était installé avec des ouvriers pour exploiter un gisement de charbon. Ecole, parcs, tout était fait pour que des familles vivent là à l’année, même si l’ensemble ressemble à une prison.

©Ankama

ÉPILOGUE

Illustrations et scénario Mathieu Bablet

Où l’on retrouve une Midnight Girl à Hiroshima en 2013 se recueillant sur la tombe d’une autre… dont je tais les noms pour laisser le recueil vous emporter jusqu’à cette conclusion. La boucle ouverte dans la première histoire de ce tome est bouclée ici de jolie manière par Mathieu Bablet, qui porte haut son projet.

Article : Une brève histoire de la magie – partie 3, le Japon – Claire Barbet

Comme à la fin de chaque tome, Claire Barbe revient sur les aspect de la magie évoqués dans le recueil. Elle nous parle ici donc des origines de la magie au Japon, et des différentes croyances et créatures que l’on peut y rencontrer, mais aussi de sa place dans la vie quotidienne moderne.

Ma conclusion…

Une fois de plus, j’ai passé un excellent moment avec l’Ordre de Minuit et ses combattantes. On en apprend de plus en plus à leur sujet, on retrouve certaines d’entre elles apparues dans les tomes précédents… Les articles de Claire Barbe sont toujours aussi passionnants et documentés. A chaque tome, je découvre des faits de société, notamment concernant les femmes et la place qui leur est accordée dans différentes civilisations. L’univers créé par Mathieu Bablet est incroyablement riche, et laisse encore la place à bien des aventures. Il s’enrichit de tome en tome, grâce à son créateur, mais aussi à tous les artistes invités à participer à ce projet hors normes.

Deux choses pour finir : si vous ne l’avez pas déjà lu, qu’est-ce que vous faites encore là ??? Vous devriez être en route pour une librairie pour vous le procurer d’urgence 😁 Et sinon, vivement le prochain tome ! (en fait je triche, je l’ai déjà lu, j’ai surtout du retard dans mes chroniques 😂).

Logo Ankama Logo Label 619

Je remercie les éditions Ankama, et Charlotte en particulier, pour m’avoir fourni les images qui illustrent cet article. Par respect pour les auteurs et la maison d’édition, merci de ne pas les réutiliser sans leur accord 😉

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