BD – La charge émotionnelle – Emma

La charge émotionnelle est le troisième tome de la série Un autre regard, de Emma. Il est paru le 25 septembre 2019 aux éditions J’ai Lu dans la collection Des bulles et des images. Plus je découvre le travail d’Emma, plus je suis fan !

Résumé :

Dans ce nouvel ouvrage, Emma aborde des sujets de société qui l’interpellent comme la charge émotionnelle, le consentement, les violences du système policier, la reconnaissance du travail des femmes au foyer…

« Je lis plein de choses et je les regroupe par thèmes. Au bout d’un moment, j’ai le sentiment que l’un d’eux mérite d’être porté au public. Alors je résume et ancre ce thème un peu théorique dans nos vies privées. »

Avis :

J’aime la manière dont Emma aborde des sujets sensibles. La manière dont elle met en lumière les dysfonctionnement de notre société concernant les relations hommes/femmes et comment elle les déconstruit. Les pistes de réflexions qui permettent d’échanger entre lecteurs de son travail, mais aussi avec les autres… car quand on a lu ce livre, on est capable d’expliquer simplement ce qu’est le consentements par exemple. Car le consentement c’est simple : non c’est non. Une absence de réponse, c’est non. Oui, c’est oui. Et ça ne concerne pas que les relations sexuelles, c’est du bon sens. Simplement. Mais c’est plus facile à mettre en oeuvre quand on ne veut pas prendre une deuxième fois d’un plat, que quand on ne veut pas prendre un verre ou discuter avec un inconnu. Hormis un oui, rien n’est un consentement. Ni un comportement, ni une tenue, ni quoi que ce soit d’autre. Ça fait du bien de voir des mots et des images posés sur ces évidences.

📖 découvrir un extrait

Le consentement et les conséquences du mouvement #metoo ne sont pas les seuls sujets abordés dans cet album. Emma y livre aussi le terrifiant témoignage d’un ancien membre des forces de l’ordre concernant les abus dont il a été témoin, et qui sont trop souvent couverts par la hiérarchie.

Et dans les deux derniers chapitres, elle aborde l’engrenage dans lequel peuvent se retrouver les femmes qui veulent quitter leur mari, ou pire, qui se font quitter. Car trop souvent encore, les femmes sont dépendantes financièrement de leur mari. Trop souvent ce sont elles qui mettent en retrait leur carrière pour élever les enfants, qui de fait gagnent moins que leur conjoint, et se retrouve, en cas de séparation, pour quelque raison que ce soit, à avoir du mal à joindre les deux bouts. Trop souvent encore, ces femmes retournent vers leur ex, ou se retrouvent contraintes de se remettre en couple pour avoir une vie décente, pour elles mais surtout pour leurs enfants. Toute ressemblance avec une récente polémique télévisée n’est absolument pas fortuite, car c’est hélas une situation courante, notamment concernant les femmes battues, ou les femmes mariées depuis longtemps et ayant arrêté de travailler pour élever leurs enfants.

Dans le dernier chapitre en particulier, Emma présente ce que la politologue islandaise Anna G. Jonasdottir appelle « le pouvoir de l’amour », et la différence entre le travail productif, souvent effectué par les hommes, et le travail reproductif, qui échoit très souvent aux femmes. Attention au terme reproductif, il ne s’arrête pas au fait de porter et mettre au monde un enfant, mais aussi, et surtout à tout ce qui concerne la vie du foyer, et le bien être des membres de celui-ci. Et la, c’est terrible, car moi, qui me documente sur le sujet, qui me considère chanceuse dans ma vie en général, je me suis rendu compte à la lecture de ces chapitres que, tout comme Emma l’admet à son propos, je me suis trop souvent laissé prendre à répéter ces schémas, car ils sont culturellement profondément ancrés dans nos têtes, dans nos vies. Je me suis rendu compte que même si je clame qu’avec le temps, maintenant que les enfants sont grands, je pense beaucoup plus à moi, ce qui est vrai, mais il est aussi vrai que quand un membre de ma famille a besoin d’aide, je suis la première à laisser tout en plan pour y aller, même si je fais quelque chose qui me tient à cœur… et ce qu’il s’agisse de ma fille, mon homme, ses filles… Et je ne pense pas être la seule dans ce cas. Tout le monde, du moins tout hétérosexuel (Emma écrit sur son expérience) est capable de se reconnaître dans cet album, à moins de faire vraiment l’autruche où d’être de mauvaise fois.

Une fois de plus, dans La charge émotionnelle, troisième opus de sa série Un autre regard, Emma appuie là où ça fait mal, avec intelligence, et nous aide à réfléchir sur nos vies, et sur ce qu’on peut faire, notamment par l’éducation des prochaines générations. Elle présente avec clarté des notions évidentes mais souvent déformés par les défenseurs d’un patriarcat hors d’âge. Et je le dis haut et fort, ce n’est pas une bande-dessinée réservée aux femmes. Elle doit être mise entre toutes les mains, y compris celle des adolescents, qui ne sont pas encore complètement figés dans des habitudes.

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J’ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec les éditions J’ai Lu. Merci à eux pour la confiance.

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