Blé noir – Aurélie Wellenstein

Blé noir est un roman de Aurélie Wellenstein, à paraître ce 11 avril 2019 chez GulfStream, dans la collection Electrogène. Une fois de plus, l’autrice frappe fort, les esprits comme les cœurs dans ce livre sans concession où les personnages vont au bout d’eux-mêmes et de ce en quoi ils croient.

Résumé :

Lilian est membre d’un réseau de hackers engagé dans la défense animale. Ce jeune homme de 17 ans franco-marocain, passe ses vacances à Nîmes avec ses parents. Il souhaite devenir journaliste dans le but de dénoncer la maltraitance animale. Il fait partie d’un groupe de hackers activistes. Les pieds sur terre et réservé, il est très attaché à sa famille et se montre honnête et entier dans ses relations avec les autres. Sa mission du jour : dénoncer les mauvais traitements infligés aux animaux dans les grands parcs aquatiques. L’adolescent n’est pas peu fier de lui lorsqu’il voit le résultat de son piratage relayé par les réseaux sociaux ! Puis une rencontre…

Avis :

Moi qui n’avais jamais lu Aurélie Wellenstein, me voici avec un deuxième titre en moins d’un mois ! Avec le même fil conducteur que Mers mortes, le précédent : la souffrance animale. Et comme dans le précédent, elle aborde frontalement les choses. Cette fois-ci en ne quittant pas notre monde actuel. C’est d’ailleurs, si je ne m’abuse, sa première incursion dans la littérature dite blanche. Et c’est une totale réussite.

La couverture est incroyable je trouve. Elle reflète à la fois la douceur et la détermination de Blé, met en évidence le sujet du roman avec un simple accessoire, et pose déjà à elle seule une question : est-ce choquant de voir une femme avec une étiquette d’identification à l’oreille ?

C’est jusqu’à ce jour ma plus belle lecture de la collection Electrogène. Un choix fort et osé de la part de l’équipe d’édition. Parler de maltraitance animale et d’activisme dans un roman ado, avec toutes les polémiques actuelles, permettre aux jeunes de s’ouvrir au sujet est une bonne chose. Attention toutefois, ce n’est pas un livre propre et sage. Il y a des passages durs, mais jamais de violence gratuite. L’autrice montre, démontre, dénonce. Peut-être plus encore que dans Mers Mortes, j’ai été marquée par certaines scènes. Sûrement parce qu’on n’a pas ici le filtre de l’imaginaire…

Commençons par le point qui m’a le plus étonnée : j’ai complètement adhéré à l’histoire d’amour présente dans ce roman. Je ne dirais pas romance, car ça ne serait pas rendre justice à l’urgence des sentiments des personnages, au réalisme des situations. Merci à l’autrice de ne pas avoir sorti les violons et les bouquets de fleurs pour nous expliquer une fois de plus que les amours adolescentes sont douces et faciles. Dans la réalité, elles sont plus souvent compliquées, douloureuses, tourmentées. Dans cette histoire, Blé et Lilian se cherchent, chacun de leur côté déjà, et tentent de s’apprivoiser l’un l’autre. Y arriveront-ils ? C’est une autre histoire, et il vous faudra lire le livre pour le savoir.

Ces jeunes, les deux personnages principaux (enfin deux des trois je dirais, à vous de découvrir le troisième^^), sont très différents dans l’éducation qu’ils ont reçu, dans leur environnement, mais ils partagent les mêmes valeurs. Ce sont des adolescents, tout en contradictions : Au début du roman, Lilian, hacker, est attablé dans un fast-food américain bien connu pour utiliser leur wifi pour ses actions de défense des animaux… Ce simple fait le rend tellement plus humain que s’il avait utilisé je ne sais quel protocole compliqué en restant dans sa chambre.  Lilian est solaire autant que Blé est sombre, noire. Et pourtant, leurs idéaux se rejoignent et vont les entraîner plus loin sans doute qu’ils ne l’envisageaient. A moins que…

Pour la bretonne que je suis, le blé noir, ça n’a rien d’aussi sombre et torturé que le personnage de Blé. Le blé noir, c’est le sarrasin, les galettes. Si vous connaissez un peu la Bretagne et sa cuisine, je peux vous assurer que vous ne regarderez plus jamais une galette complète de la même manière après votre lecture (galette garnie de jambon, oeuf et fromage pour ceux qui ne connaîtraient pas). Vous n’aurez sans doute pas envie de vous précipiter pour en manger une en tout cas.

Avec son histoire ancrée profondément dans le réel, Aurélie Wellenstein frappe là où ça fait mal, met son lecteur face à des réalités malaisantes, l’oblige à ouvrir les yeux et se poser des questions. Elle nous montre que la vie peut être sale, violente, injuste. Lilian ou Blé, chacun d’entre nous sera plus proche de la manière de faire de l’un ou de l’autre, mais ce que je retiens, ce sont ces jeunes gens qui cherchent la meilleure voie / voix pour défendre ce en quoi ils croient. Des jeunes qui veulent se battre pour un monde qui leur convienne. Et une belle histoire d’amour (oui c’est moi qui dit ça^^). Une histoire où tout ne coule pas de source, pas fleur bleue, mais dans l’urgence de l’adolescence, de la vie. Une histoire pas simple mais belle, et pas complètement dénuée d’espoir, comme la vie quoi.

J’ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec les éditions GulfStream. Merci à eux pour la confiance.

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