Bonsoir, la Rose – CHI Zijian

 

Bonsoir, la Rose est un roman chinois de CHI Zijian, traduit par Yvonne André, publié en mai 2015 aux Editions Picquier, et en mars 2018 chez Picquier Poche pour l’édition que j’ai lue. Je l’ai reçu dans le cadre de mon abonnement Exploratology du mois de mai 2018.

Résumé :

Il faut d’abord imaginer ce Grand Nord de la Chine aux si longs hivers, les fleurs de givre sur les vitres et l’explosion vitale des étés trop brefs. Puis Xiao’e, une jeune fille modeste, pas spécialement belle, dit-elle, pour qui la vie n’a jamais été tendre :« j’appartenais à une catégorie insidieusement repoussée et anéantie par d’invisibles forces mauvaises ». Et puis Léna aux yeux gris-bleu et au mode de vie raffiné, qui joue du piano et prie en hébreu, dont le visage exprime une solitude infinie. Elle qui avait une vie intérieure si riche, comment pouvait-elle ne pas avoir connu l’amour ? Xiao’e rencontre donc Léna, une vieille dame juive dont la famille s’est réfugiée à Harbin après la révolution d’Octobre. Tout semble les opposer, pourtant on découvrira qu’un terrible secret les lie. C’est un monde où les fantômes côtoient les supermarchés, où les blessures de l’enfance restent vivaces. A la fois désabusé et espiègle, tragique et gai. L’écriture de Chi Zijian est, elle, à la fois étincelante et d’une infinie délicatesse. Un auteur qui n’a pas fini de nous enchanter.

Avis :

J’ai retrouvé dans ce roman le style d’écriture douce et contemplative que j’aime tant dans une partie de la littérature contemporaine asiatique. Un ton que je n’ai jamais réellement retrouvé dans la littérature occidentale. Ce temps nécessaire pour observer les choses. Prendre tout simplement le temps d’apprécier le temps qui passe, les petits bonheurs de la vie, même quand celle-ci est cruelle.

Et il faut admettre que la vie a été cruelle avec Xiao’e et Léna. La première, née d’un viol, rejetée par une partie des siens, son travail ne lui offre pas les moyens d’avoir un logement à elle. La seconde, de confession juive, a fui la Russie, et a reconstruit sa vie comme elle a pu, dans les méandres de l’Histoire. La chambre qu’elle loue à Xiao’e dans sa maison permet à ces deux femmes meurtries de se découvrir, se comprendre, s’épauler… Léna va petit à petit montrer à Xiao’e que la vie peut être belle, et qu’elle même est jolie.

C’est une histoire à la fois douce et dure que l’autrice nous raconte ici. Deux parcours de vie à la fois très différents et tellement similaires. C’est aussi toute une période de l’Histoire chinoise que j’ai découvert dans ce roman. L’accueil des réfugiés juifs, l’occupation japonaise, le rêve d’un état juif indépendant sur cette région chinoise…

Même si je n’ai pas accroché plus que ça à la personnalité de Xiao’e, j’ai été touchée par Léna, et le poids de son héritage. Et j’ai surtout été très intéressée par l’Histoire en filigrane de l’histoire. J’ai beaucoup appris suite à la lecture de ce livre, qui m’a donné envie de me renseigner plus avant. La découverte de sujets que j’ignorais, c’est une des choses que j’aime dans la littérature.

Voyager, rêver, réfléchir, découvrir, tant de choses que m’ont apporté les livres contenus dans les abonnements Exploraology, depuis bientôt deux ans maintenant. C’est ce que je demande à la littérature, et la petite équipe menée avec talent par Marjorie y parvient à merveille.  Je n’ai pas eu de coup de cœur pour tous les romans reçus, mais ils m’ont tous, d’une manière ou d’une autre, appris quelque chose. C’est un joli voyage que je fais en leur compagnie…

J’ai reçu ce livre dans mon abonnement Plaisir de lecture Exploratology du mois de mai 2018.