Nouvelles du Soudan – Collectif

Nouvelles du Soudan est un recueil de nouvelles d’auteur et autrices soudanais, édité par Magellan & Cie en partenariat avec Courrier International. Il est paru dans la collection Miniatures en octobre 2009.

Résumé :

Le Soudan est un immense pays abritant une mosaïque de cultures, de langues et de religions : Nubiens et Arabes, mais aussi Fur et Massalit à l’ouest, Dinka et Nuer au sud, Beja à l’est, les uns étant musulmans, les autres chrétiens ou animistes…
Hormis Tayeb Salih, auteur de Saison d’une migration vers le Nord, un roman qui a connu un franc succès tant dans le monde arabe qu’en Occident, peu d’écrivains soudanais ont réussi à faire entendre leur voix à l’extérieur de leur pays. Ce recueil de nouvelles entend faire connaître quelques-uns d’entre eux qui abordent, souvent avec humour, les difficultés auxquelles sont confrontés leurs compatriotes depuis plusieurs décennies : guerre, misère, clivages confessionnels et ethniques, exil… Ils viennent des quatre coins du pays mais s’expriment tous en arabe. Ils nous content les aventures d’un citadin venant d’acquérir un char, de villageois fâchés contre les dieux, d’un enfant des rues embourbé dans la misère de la capitale ou encore d’un âne en manque de reconnaissance.

Avis :

Dans ce recueil, on trouve six courtes nouvelles, chacune précédée d’une courte notice biographique, qui permet de faire connaissance avec ces auteurs et autrices dont je n’avais jamais entendu parler avant. Ça permet aussi de poser le contexte de ces textes, car je suis vraiment novice en matière de culture soudanaise, et africaine d’une manière générale.

C’est un recueil qui se lit très vite, il fait une centaine de pages, mais il balaye le pays d’est en ouest et du nord au sud, nous présentant des situations très variées.

La première, Le char d’assaut, de Ahmad Al-Malik, tient de l’absurde, en mettant en valeur une façon d’appréhender les choses qui n’est pas du tout la notre… Le char donne de la respectabilité mêlée de crainte à son propriétaire, qui lui est préoccupé par le carburant…

Les mondes inconnus sur la carte, de Stella Gaetano, est un conte cruel sur les mendiants dans les rues des grandes villes soudanaises. La aussi, les priorités de survie peuvent paraître étranges à qui ne les vit pas.

Lanji, la vendeuse de merissa, de Hisham Adam, nous conte l’histoire de Lanji, arrivée à la capitale pleine d’espoir, fuyant le sud et la guerre civile. Mais aura-t-elle pour autant trouvé le paradis ?

Une femme du camp Kadis, de Abdulaziz Baraka Sakin, met en scène une femme obligée de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, mais qui doit aussi allaiter son petit dernier si elle ne veut pas le perdre… pas facile de s’organiser.

Dans L’âne du prédicateur, de Abdelghani Karamallah, on retourne vers du plus absurde, car le narrateur est ce fameux âne, qui raconte ses souffrances quotidiennes, et ses aventures.

Histoires de portes, de Rania Mamoun, est l’histoire du désespoir d’un homme chez qui les portes sont de travers et qui n’a pas les moyens de les remettre d’aplomb.

Six auteurs de tous âges, de tous horizons, dont deux femmes, un panel très diversifié, ce qui est agréable dans ce type de recueil. De la poésie, de l’humour, souvent grinçant, qui permettent de mettre en avant les spécificités et douleurs du pays..

Ce petit livre m’a permis une découverte d’un pays dont je ne connaissais pas du tout la littérature, ni le reste d’ailleurs, à part ce qu’on en voit régulièrement aux infos… J’y ai entrevu de belles âmes, un réel talent, et j’ai envie de poursuivre ma découverte de ce pays, et de bien d’autres encore, par le biais de cette collection Les Miniatures, chacun des opus mettant un pays, une ville ou une région du monde en avant. J’ai déjà acheté Nouvelles de Montréal avec celui-ci, et j’ai hâte de le découvrir.