Jeunesse – Alana et l’enfant vampire – Cordélia

Alana et l’enfant vampire est un roman jeunesse (dès 12 ans) de Cordélia, paru ce 18 juin 2020 aux éditions Scrineo. Une fantasy urbaine qui sort du cadre commun à son genre, donnant de la visibilité à des personnages trop souvent oubliés…

Résumé :

Alana en a marre. Ses parents et sa sœur sont encore partis gérer des conflits vampiriques sans elle !

Heureusement, sa meilleure copine Oli est là pour lui changer les idées : elle est persuadée que Joâo, le nouvel élève de leur classe, est un vampire ! Se pourrait-il qu’elle ait raison ? Et s’il leur révélait quelque chose d’encore plus terrible ?

Pour Alana, c’est l’occasion de prouver à sa famille qu’elle est capable de mener à bien une mission, malgré ses douleurs musculaires…

Avis :

Je suis le travail de Cordélia sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années maintenant, elle m’a permis de m’éduquer sur de nombreux sujets, grâce à la pertinence des ressources qu’elle propose. J’avais hâte de découvrir ce roman jeunesse, car je savais qu’enfin des jeunes allaient trouver des représentations quasi-absentes habituellement dans la sphère jeunesse. Dans un premier temps (et je suis mal à l’aise de l’admettre), je me suis dit que le roman allait être un catalogue des genres et orientations sexuelles… Et je me suis posée avec moi-même, en me demandant pourquoi cette réaction. La réponse est simple, parce qu’on ne voit jamais ce genre de personnages dans les romans jeunesse. Ils auraient tous été des jeunes blancs hétéros cisgenre, je ne l’aurais même pas remarqué. Ce genre de remise en question fait mal, mais je tenais absolument à partager cette réflexion avec vous pour mettre en avant le fait que de très nombreux.ses jeunes pourront trouver un personnage qui leur ressemble, du moins en partie. Et ces jeunes pourront se rassurer en lisant que ce qu’ils ressentent à un nom, et une existence bien réelle, qu’ils sont normaux, autant que leurs camarades blancs hétéros cisgenre.

J’ai une histoire particulière avec ce roman… En effet, Alana souffre de douleurs chroniques, un problème que je connais particulièrement bien, une maladie invisible de prime abord, et donc souvent incomprise. Combien de malades douloureux chroniques ont été traités de fainéants parce qu’ils ne pouvaient pas assurer des tâches « simples » du quotidien ? C’est un sujet peu traité (le handicap invisible d’une manière générale), et j’attendais donc avec impatience de découvrir comment l’autrice allait en parler à ses jeunes lecteur.ice.s. Concernant ce point, c’est une réussite pour moi. A tel point que j’ai prêté mon livres à une de mes kinés, qui prend aussi en charge des enfants et ados dans un service de rééducation pédiatrique. C’est la première fois, elle comme moi, qu’on trouve un roman qui mette en scène un jeune douloureux chronique. Il existe plein de documents sur le sujet, mais il est très important de pouvoir s’identifier aussi aux personnages de fiction, car ça « normalise » l’existence même de la maladie.

Dans ce roman, Alana nous raconte ses déboires, et ses réussites, avec son vocabulaire, son ressenti, sa sensibilité à fleur de peau, et ses difficultés quotidiennes liées à sa maladie :

📖 découvrir un extrait

Pour rappel, sa maladie est un handicap pour elle parce que la société autour d’elle n’est pas adaptée. Quand personne ne se pose la question d’une rampe ou d’un ascenseur sous prétexte qu’il n’y a que quelques marches ou étages, Alana et tant d’autres peuvent rester à la porte, ou entrer quand même en se faisant mal. Quand quelqu’un comme Alana, jeune et avec un handicap invisible demande à s’asseoir dans un bus et que personne ne se lève parce qu’elle n’a pas l’air handicapée, ou qu’elle se fait insulter parce qu’elle reste assise alors que quelqu’un de plus âgé est debout, que croyez-vous qu’elle puisse ressentir ? Je prends l’exemple du handicap d’Alana car c’est un sujet que je connais, mais j’imagine que les problèmes sont aussi présents quand on ne rentre pas dans les cases du genre et de l’orientations sexuelle décidés par cette même société.

Revenons quand-même un instant sur l’intrigue au cœur de ce roman, que j’ai beaucoup appréciée. Alana est d’une famille de médiateur.ice.s entre les humains et les vampires. C’est un concept original que d’avoir cette profession qui gère les relations entre les deux espèces, afin que la cohabitation puisse se faire le plus sereinement possible. D’autant plus original que l’existence des vampires n’est pas connue du plus grand nombre. La meilleure amie d’Alana, justement, adore les vampires, et est persuadée qu’ils existent, ce qui donne des situations très drôles quand Alana doit essayer de la convaincre que ce n’est qu’un mythe. J’ai énormément apprécié aussi le fait que la « bande » qui entoure Alana soit composée de jeunes qui sont plutôt sur la touche d’habitude. Sans compter que la tournure prise par l’intrigue, notamment au niveau de l’éthique des vampires, est très intéressante, et que c’est un livre où il se passe beaucoup de choses, enquêtes, bagarres, et dont les pages se tournent très vite, tant on a envie de savoir comment tout ça va se finir.

Alana et l’enfant vampire est un très bon roman jeunesse, qui aborde des thèmes trop rarement traités, et qui offre aux jeunes lecteur.ice.s une vraie diversité de personnages, de genre, de couleur, d’orientation sexuelle. Les personnages sont très attachants, et j’imaginerais tout à fait les retrouver dans d’autres aventures, pour voir comment ils évoluent dans l’univers créé par Cordélia.

J’ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre de ma participation au Club des lecteurs Scrineo pour l’année 2020. Merci à eux pour la confiance.

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