Ce qui coule dans nos veines – Sophie Adriansen

Ce qui coule dans nos veines est un roman de Sophie Adriansen, publié le 22 août 2019 aux éditions GulfStream, dans la collection Electrogène. Un roman saisissant sur un thème rare et difficile : le refus de soin d’un jeune adulte pour raison de foi…

Résumé :

Adam est tombé malade. Gravement. Tout avait pourtant si bien commencé. Leur rencontre, avait-il dit en début d’année à Garance, c’était le destin. Leur avenir, ils l’écrivaient déjà : prépa, grandes écoles, carrière internationale, et bien sûr mariage. Mais cette foutue maladie est venue tout bouleverser. Alors, quand Adam lui annonce que sa foi lui interdit de suivre le seul traitement efficace contre le mal qui le ronge, Garance ne comprend pas. Est-il vraiment prêt à risquer sa vie pour être en accord avec ses convictions ? L’amour qu’ils se portent mutuellement convaincra-t-il Adam de faire le bon choix ?

Avis :

Ce n’est pas nouveau, Électrogène est une collection que j’apprécie particulièrement. Outre leur aspect physique, très instagrammable, c’est surtout le choix des auteurs et des thèmes abordés qui me plait. Et ici, le thème abordé est tout particulièrement intéressant, car si je le connaissais, je n’avais jamais lu de roman, jeunesse ou pas, dont c’est le thème central.

Ce thème, donc, est le refus certains soins au nom de la foi, qui concerne ici les Témoins de Jéhovah, mais peut aussi concerner d’autres mouvements sectaires ou religions. J’emploie les deux termes car si, en France, ce mouvement est considéré comme une secte, la Cour Européenne des Droits de l’Homme l’a déclaré religion. Cette nuance a son importance dans l’histoire qui nous concerne, et qui est tirée d’une histoire vraie (ce qui est encore plus glaçant).

Adam et Garance sont élèves en prépa scientifique. Ils sont fous amoureux, ils ont des projets plein la tête. Un avenir radieux s’ouvre à eux. Ils n’ont pas de secrets l’un pour l’autre… enfin c’est ce que Garance croit, car elle découvre en même temps que la maladie d’Adam son appartenance aux Témoins de Jéhovah. Elle a pourtant passé un week-end entier chez sa mère avec lui, et aucun des deux ne lui ont rien dit. Ils lui juste dit que sa mère était très portée sur la religion, sans plus de précision. Dans son esprit, c’était la religion catholique, comme la majorité des gens autour d’elle. Elle n’a pas cherché plus loin. La chute a été d’autant plus rude quand Adam lui a annoncé refuser le traitement proposé, le plus efficace, à cause de ses croyances…

Sophie Adriansen nous met face à une terrible réalité. Adam a une leucémie, maladie qui se soigne bien quand elle est traitée à temps, à condition d’accepter une transfusion sanguine. Il existe d’autres traitements alternatifs, mais aucun n’est aussi efficace. Adam a tout juste dix-huit ans, il est donc, aux yeux de la loi, libre de ses choix.

Dans Ce qui coule dans nos veines, Sophie Adriansen nous livre avec douceur une histoire très violente. Car quoi de plus violent que de lire « de la bouche » de Garance son désespoir de ne pas réussir à faire changer d’avis à Adam, de se trouver démunie face à une situation qui la dépasse ? Quoi de plus violent qu’un jeune homme qui refuse de se soigner de la manière la plus efficace, au risque d’y laisser sa vie, au nom de croyances erronées ? J’utilise volontairement le terme erroné, car le texte (de la Bible) auquel les Témoins de Jéhovah se réfèrent pour refuser la transfusion sanguine date de bien avant l’existence de cette dernière. Comment la Bible pourrait-elle interdire quelque chose dont ses auteurs n’ont aucune connaissance, aucune conscience même ??? On peut penser ce qu’on veut des Témoins de Jéhovah, secte, religion, ce n’est pas le débat essentiel au cœur de ce livre. Le fait est que la décision de refuser la transfusion sanguine n’a aucune justification valable. Tout comme avant ils refusaient les vaccins, les responsables des Témoins de Jéhovah ont modifié leur interprétation des textes pour désormais les accepter.

Vous savez à quel point je déteste les bluettes, les romances trop mièvres (ou si vous ne le saviez pas, maintenant c’est fait^^). Ici, il ne s’agit en aucun cas de ça. Adam et Garance sont fou amoureux, certes, mais ne perdent jamais de vue leurs études, gardent les pieds sur terre. Ils ont des priorités claires, d’autant plus qu’ils sont certains d’avoir la vie devant eux…

A la fin de l’ouvrage, Sophie Adriansen revient sur la genèse de ce roman, qu’elle porte depuis des années, avant même d’être publiée pour la première fois. Parce qu’elle avait lu l’histoire d’un jeune homme mort d’avoir refusé une transfusion, et qu’elle avait envie de porter cette histoire, de la faire connaître pour que ça ne se reproduise plus. Ce roman est son premier bébé littéraire, il a une importance particulière à ses yeux, et devrait en avoir aux nôtres aussi. C’est le cas pour moi. J’ai été très émue par ma lecture, par les choix narratifs, le ton utilisé, toujours justes, qui touchent au cœur et font mouche.J’ai du mal à parler de coup de cœur quand il s’agit d’un sujet grave, je préfère parler de coup de poing… et c’est exactement ce qu’est Ce qui coule dans nos veines. Un coup de poing nécessaire pour mettre en lumière une situation illogique et dangereuse, qui se base sur une croyance en un texte qui ne peut pas être une référence dans ce cas précis. Un coup de poing pour faire réfléchir, Témoin de Jéhovah ou pas finalement, sur les fondements de nos croyances, et sur leurs conséquences. Un coup de poing qui est un formidable cri d’amour, un hymne à la vie.

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J’ai reçu la version numérique de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec les éditions GulfStream. Merci à eux pour la confiance.

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