Pardon s’il te plaît merci / Fable – Charles Yu

 

Pardon s’il te plaît merci  est un recueil de nouvelles de Charles Yu, paru le 10 mai 2019 aux éditions Aux forges de Vulcain, dans une traduction de Aude Monnoyer de Galland, et avec une illustration de couverture signée Elena Vieillard. Quand à Fable, il s’agit d’une nouvelle en tirage limité, offert par l’éditeur, ou les libraires, à l’achat de livres du catalogue maison, traduit elle par Aurélie Thiria et habillée d’une couverture de Tom Gauld.

Résumé :

Depuis le début de notre siècle, le romancier américain Charles Yu a acquis auprès de la critique américaine un renom particulier, en raison notamment de ses nouvelles régulièrement primées. Dans ces textes courts, qui sont autant de petits romans, il mêle une imagination à la Vonnegut, un sens de l’absurde à la Kafa et un humour geekesque à la Adams.
Grand représentant de la littérature spéculative, il déploie dans ses récits une forme moderne de réalisme magique. Partant de situations absurdes, inventives, loufoques, il déploie leurs conséquences concrètes, avec un sens aigu de la psychologie – dessinant un creux l’immense vide existentiel, qu’est devenue notre modernité.

Avis :

Des nouvelles aux thèmes et genres variées composent ce recueil plein d’humour souvent acerbe, presque toujours absurde. Une vraie réflexion de fond sur les travers de notre société. L’ouvrage est divisé en trois (quatre ?) parties : Pardon, S’il te plaît, Merci et Si toutes les réponses susmentionnées, petite conclusion de trois pages.

Au fil du recueil, Charles Yu nous ballade aux côtés d’humains perdus dans ce que pourrait devenir notre monde, si nous le laissons poursuivre sa route dans la direction actuelle. Le constat pourrait être glaçant s’il n’était traité par l’absurde.

Dans Pardon, trois nouvelles plus terrible les unes que les autres, où l’on découvre que tout un chacun peut, moyennant finance, déléguer sa souffrance à des employés d’entreprises spécialisées. Eux portent de fait la souffrance du monde… On y découvre aussi que certains ont de plus en plus de mal à différencier la réalité du virtuel, et que les machines ne peuvent pas à elles seules résoudre l’insatisfaction chronique du genre humain.

S’il te plaît réunit des histoires où l’on se cherche, où l’on essaie de se comprendre, de comprendre les autres, le monde autour. Où l’on cherche parfois à fuir dans le rêve, le virtuel, ce qui rend la chute d’autant plus dure…

Merci propose des bribes de réponses à l’insatisfaction chronique, mais en existe-t-il seulement une capable de satisfaire un être humain ? Passé l’enfance, peut-on encore être heureux, simplement ?

Dans Si toutes les réponses susmentionnées, Charles Yu donne un point de vue sur la question. « Pardon, s’il te plaît, merci, de rien. L’ensemble des interactions humaines se résume à ces quatre idées. »  Mais sommes nous seulement encore capable de réellement interagir avec les autres humains ??? Hors du virtuel, existe-t-il encore un salut ?


Résumé :

En mai 2016, Charles Yu publie dans le New Yorker une courte nouvelle, Fable, où un psychiatre suggère à son patient de raconter sa vie sous la forme d’un récit de fantasy. L’homme se plie à l’exercice. Et Charles Yu rédige une des nouvelles les plus touchantes et fines qu’il vous sera donné de lire.

Une nouvelle traduite par Aurélie Thiria-Meulemans et illustrée par Tom Gauld.

Cette nouvelle peut être lue en anglais sur le site du New Yorker. Sur ce site, vous trouverez aussi une version audio du texte, lu par Charles Yu lui-même.

Avis :

J’avais dans un premier temps été attirée par la couverture signée Tom Gauld, un illustrateur que j’adore et dont je suis de près les publications, mais je ne suis absolument pas déçue par le texte, loin de là ! C’est une très jolie surprise que ce petit texte, poupée russe de narrations, intrigue originale qui nous fait plonger dans les méandres de la vie d’un homme, à un tournant de celle-ci, à un moment où il s’interroge sur les tenants et aboutissants de son quotidien actuel et ce qu’il pourrait être. Un conte de fées moderne, aux impératifs capitalistes, à la pression sociale importante, mais tellement plein d’humanité…


Pardon, s’il te plaît, merci est un recueil très intéressant, car par le biais de l’absurde, Charles Yu interroge notre humanité. Est-on encore réellement humain quand on ne vit plus, ou presque, que par procuration numérique ? Toutes ces inventions sensées nous simplifier la vie ne nous privent-elles pas de nous-même, en nous empêchant finalement de vivre notre quotidien dans sa globalité ? A quel moment demande-t-on trop aux machines ? A quel moment glisse-t-on dangereusement vers le monde virtuel, au point d’avoir de plus en plus de mal à en revenir?

Fable est une nouvelle dans la droite lignée du recueil précédent, poursuivant cette quête de bonheur par l’être humain, au détriment de sa vie, parfois.

On passe avec ces deux titres un excellent moment de lecture, et on se surprend à vouloir aller plus loin dans la réflexion, à chercher nos points communs avec eux, à réfléchir à comment ne pas être dans leur situation… Mais non, ce n’est pas possible, je ne peux pas être stupide au point de glisser hors du monde réel sans m’en rendre compte, dit-elle en rédigeant sur son ordinateur une chronique qui sera lue devant des écrans par des gens qu’elle n’a très majoritairement jamais vus, mais qui font un peu partie de sa vie. Cette lecture pose de très nombreuses questions, certaines dont je cherche encore des réponses, mais n’est-ce pas un des plaisirs de la lecture, que d’ouvrir sur des questionnements profonds, de faire évoluer ? Pour moi, oui, tout autant que de parfois « simplement » faire rêver.

J’ai reçu la version papier de ces livres de la part de la maison d’édition. Merci David pour la confiance.

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