Blackwing tome 1, la marque du corbeau – Ed McDonald

La marque du corbeau est le premier tome de la série Blackwing, de Ed McDonald, publié en avril 2018 chez Bragelonne, dans leur collection Fantasy. C’est le premier roman de l’auteur.

Résumé :

Sous son ciel brisé, la Désolation est une vaste étendue de terre ravagée, née quand la Machine, l’arme la plus puissante du monde, fut utilisée contre les immortels Rois des profondeurs. Au cœur de ce désert, grouillant de magie corrompue et de spectres malveillants, les Rois et leurs armées attendent leur heure…
Pour Ryhalt Galharrow, la Désolation n’a pas de secrets. Chasseur de primes aguerri, il est chargé de retrouver une femme aux pouvoirs mystérieux, qui semble avoir mis au jour un inquiétant secret. Jadis, cette femme et lui se connaissaient bien. Voilà qu’ils se redécouvrent au milieu d’une conspiration qui menace de détruire tout ce qui leur est cher, et qui pourrait mettre un terme à la trêve fragile de la Machine…

Avis :

Blackwing est le premier roman de Ed McDonald, et ça ne se sent pas du tout à sa lecture. L’auteur fait preuve d’une maîtrise, aussi bien du style que de son univers qui est impressionnante.

On trouve ici un univers extrêmement fouillé, sur une base post-apocalyptique, la zone de la Désolation, à l’est duquel se trouve l’Empire Dhojaran, dirigé par les Rois des profondeurs, des sorciers noirs très puissants. A l’ouest de la Désolation se trouve le Dortmark, une alliance de Villes-Etats dirigées par un prince élu par les princes représentants des sept Villes-Etats. Les rois des profondeurs ont été repoussé lors de leur dernière attaque, il y a 80 ans, grâce à la magie des Sans-Noms, magiciens eux aussi extrêmement puissants qui maîtrisent une magie à base de lumière. L’un d’eux s’est d’ailleurs sacrifié lors d’une explosion qui a causé un immense cratère. Puis un deuxième, Nall, a créé une machine qui a « nettoyé » une bande de trente kilomètres au-delà de la frontière du Dortmark, grâce à des relais le long du cordon (ligne défensive), avec une explosion « qui ferait passer les enfers pour un après-midi d’été » et qui a créé la Désolation. On fait aisément un lien avec la puissance du nucléaire…

Les personnages sont très travaillés et dans l’ensemble, ils sont tout en nuances… bourrins pour certains, mais en nuances… Ryhalt Galharrow est un chasseur de prime alcoolique et désabusé, qui passe son temps à traquer des fugitifs dans la Désolation. C’est par sa voix que l’on découvre l’intrigue. Et bien que j’ai eu à maintes reprises envie de le claquer, cette narration créée une proximité avec le capitaine des ailes noires malgré tous ces défauts… D’autant plus qu’on découvre petit à petit son passé, qui l’a amené à devenir l’homme, quasiment le déchet qu’il est. Son titre de capitaine des ailes noires lui donne pourtant une aura et une autorité dont il n’hésite pas à user si besoin. Un des Sans-Noms, Corbac, lui donne des ordres (d’où les ailes noires) via une méthode assez peu ragoûtante en rapport avec le tatouage de corbeau présent sur son avant-bras gauche… que je vous laisserais le bonheur de découvrir. Ryhalt est entouré d’une garde rapprochée de fidèles bras plus ou moins cassés, entre autres Tnote, son navigateur grandement occupé par la boisson et le sexe, et Nenn, une guerrière sans scrupules, qui défonce tout ce qui se trouve sur son passage. J’ai adoré le fait que tous les personnages ont une histoire et une psychologie développée. Aucun n’est survolé.

Corbac exigera de Galharrow qu’il protège Ezabeth Tanza, une fileuse (magicienne qui maîtrise la lumière à partir des rayons des trois lunes, stockées notamment dans des conserves), et l’on découvrira au fur et à mesure le pourquoi de cette « demande ». Elle est la cousine du Prince Herono, prince de Valengrad, la ville-frontière qui accueille en son sein la fameuse Machine de Nall. Prince qui se trouve être une femme, mais dont le titre reste masculin… est-ce parce que princesse ne faisait pas assez badass ? C’est pourtant une vétérante de guerre. C’est certes un détail, mais qui m’a troublée dans ma lecture…

Tout ça est bien gentil, mais je vous disais que je vous laisserais découvrir la méthode peu ragoûtante d’apparition de Corbac, il faut savoir que c’est loin d’être le seul moment gore du roman. On est clairement dans de la dark fantasy, aussi bien par l’ambiance que par les actions des personnages. Il faut avoir le cœur bien accroché. Par moments, les enfants sont pervers et dangereux, les membres volent, les tripes sont exposées à tous les vents, où les murs sont recouverts de textes à base d’un mélange d’excréments et d’urine, pour ne citer que ça. Le tout très bien intégré dans l’intrigue.

J’ai trouvé ce livre d’une lecture assez abordable pour de la dark fantasy. Ce qui est loin d’être toujours le cas. Même si l’ambiance est glauque et violente, je ne me suis jamais sentie oppressée comme j’ai pu l’être avec d’autres titres du genre (Arachnae de Charlotte Bousquet pour ne citer qu’elle, dans le même genre mais un tout autre style).

Si vous aimez ce genre littéraire, où si vous avez envie de vous lancer, foncez ! J’ai hâte de découvrir ce que nous réserve l’auteur dans le deuxième tome, qui sortira en VO en juin, bien que ce tome fonctionne très bien tout seul, avec une conclusion qui répond à la majorité des questions… J’ai cependant envie de découvrir plus avant certains personnages, et pourquoi pas d’autres zones géographiques de ce monde, et de voir comment Galharrow va évoluer.

J’ai lu ce livre en version numérique fournie par Bragelonne via la plateforme NetGalley. Merci à eux pour la confiance et la découverte.