La nef des damnés – Jean-Paul Le Denmat

La nef des damnés est un thriller de Jean-Paul Le Denmat le 14 février 2020 aux éditions Palémon. Plongée au cœur d’une pandémie en France fin 2018…

Résumé :

Sous la tempête de neige, le monde prépare Noël. Les capitaines Le Maoût et Liotard du SRPJ de Rennes sont de garde.
Un cadavre nu est découvert dans la galerie d’une ancienne ardoisière près du lac de Guerlédan en centre-Bretagne. Deux squelettes d’enfants disparus depuis vingt-neuf ans gisent au fond d’un puits un peu plus loin…
Le Maoût, qui s’est enfoncé dans les entrailles de la Terre pour essayer de comprendre, ne croit pas au hasard… Il a bien senti, lorsqu’il était en bas, peser sur lui un regard, il a bien remarqué cette forme luisante qui l’observait dans l’obscurité…
Pendant ce temps, au-dehors, une menace grandit. Le Mal noir ne va pas tarder à se mettre à table… L’épidémie de grippe qui sévit semble particulièrement ravageuse. Des milliers de cercueils attendent leur heure et les autorités s’apprêtent à affronter le fléau et à faire face au chaos.

Avis :

Il est compliqué de parler de ce roman par les temps qui courent… Je ne voudrais pas dérouler de tapis rouge aux trop nombreux conspirationnistes qui occupent les réseaux sociaux dernièrement. En effet, il est question dans ce roman, paru en février, et donc écrit bien avant la crise que nous traversons, d’une pandémie qui touche la France. Déjà vu, me direz-vous ! Oui mais il s’agit ici d’un coronavirus, même si il a des origines différentes de celui qui nous occupe actuellement. Il s’agit d’un MERS et pas d’un SARS, c’est à dire que c’est aussi un virus à syndrome respiratoire, mais originaire du Moyen Orient et non pas de Chine. L’auteur surnomme son virus la grippe du dromadaire. C’est toujours les animaux qui prennent !!! Tout ça pour dire qu’il ne faut pas oublier de prendre du recul… car il s’agit d’un roman, d’un thriller même, où l’angoisse est un ingrédient essentiel.

Dès le début du roman, le décor est planté : c’est le réveillon de Noël 2018, des amis sont au restaurant, mais l’humeur n’est pas forcément des plus joyeuses, avec l’arrivée sur le territoire de ce virus, la grippe du dromadaire, qui finalement n’est pas qu’une simple grippette, sa mortalité étant élevée. Un des hommes présents à cette soirée a une double vie. Il utilise deux prénoms différents suivant qu’il est à la ville et qu’il travaille, ou qu’il est à la ferme avec ses chiens, et qu’il s’occupe de La Nef… La découverte de ce qu’est cet endroit fait grimper d’un cran l’horreur de la situation. Et pourtant, la découverte des cadavres près du Lac de Guerlédan était déjà particulière…

Ce roman est déjà, vous l’aurez compris, un thriller assez sombre, assez effrayant même, sans prendre en compte le parallèle entre l’intrigue de fond et notre situation actuelle. La situation dans le roman, avec ce coronavirus bien plus virulent que la COVID-19, peut se révéler particulièrement anxiogène pour le lecteur. Je l’avais laissé de côté pendant le confinement, et l’ai repris récemment, j’avais besoin de recul pour le lire et le digérer, et ne pas trop me laisser happer par la situation décrite. Des cercueils sont fabriqués par milliers, et sont livrés par convois ferroviaires de nuit… je ne vous révèle rien, la quatrième de couverture parle des cercueils. Le côté complotiste donné au traitement de la pandémie m’a un peu gênée, probablement en résonance avec les énormités qu’on peut lire sur les réseaux sociaux récemment.

La temporalité de l’intrigue est très resserrée, les 650 pages ne couvrant qu’à peine plus de 48 heures (si l’on excepte quelques retours en arrière…). Les chapitres alternent entre les enquêtes du SRPJ de Rennes, celle de Baptiste, la vie dans La Nef, et aussi de très courts chapitres glaçants sur l’histoire de la pandémie et les actions de l’Etat pour parer à toute éventualité. Dès la page 40, on découvre les cercueils, et même le fait qu’ils ne suffiront probablement pas à absorber l’ensemble des décès des semaines qui viennent. L’enquête qui ouvre le roman va très vite passer au second plan devant l’évolution de la situation, et aussi parce que le duo de flics que l’on suit est de garde la nuit de Noël, et qu’ils n’ont pas le temps de s’appesantir sur ces cadavres déjà anciens quand des événements terribles se déroulent quasiment sous leurs yeux.

L’intrigue de ce roman, si elle débute du côté de Guerlédan et à Saint Brieux, avant de se déplacer majoritairement sur Rennes, même si on n’est jamais loin de Guerlédan et de La Nef, où l’on revient régulièrement. L’auteur connaît la région et ça se voit. Il nous donne le nom de toutes les rues, ce qui peut être lourd dans une poursuite en voiture. Moi qui suis rennaise, j’ai suivi les protagonistes comme si j’y étais. Presque à leur en conseiller des itinéraires alternatifs^^ Malgré ces lourdeurs, l’écriture est très enlevée, très visuelle, y compris pour les lieux que je ne connais pas !

L’alternance des points de vue, et le parallèle entre la vie de La Nef et celle des autres protagonistes rythme le roman, qui, malgré ses 650 pages, se lit plutôt vite. Certains éléments apportés par l’auteur, un peu comme des histoires parallèles, ne me semblaient pas forcément nécessaires, les deux intrigues principales étant déjà conséquentes.

La Nef des damnés est un roman dense, notamment grâce aux deux intrigues principales qui évoluent en parallèle, aussi glaçantes l’une que l’autre. A signaler toutefois que l’une des deux intrigues traite d’une pandémie de Coronavirus en France fin 2018, avec un fond complotiste, et un virus bien plus virulent que celui qui nous touche actuellement. Ce roman est déjà un thriller angoissant, mais en ajoutant le réalisme apporté par l’arrivée d’un Coronavirus en France en ce printemps 2020, le niveau d’angoisse, voire de terreur monte encore d’un cran. Âmes sensibles, s’abstenir ! Peut-être certains auront besoin d’un peu plus de distance avec les événements que nous sommes en train de vivre avant de se lancer dans cette lecture, alors que d’autres plongeront tête la première dans ces aventures… où « le Mal s’abat sur la Bretagne ». Mais le virus est-il le pire des Maux rencontrés dans La Nef des damnés ???

J’ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec les éditions Palémon. Merci à eux pour la confiance.

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