Rétrograde - Peter Cawdron

Rétrograde – Peter Cawdron

Rétrograde - Peter Cawdron

Rétrograde est un roman de science-fiction de Peter Cawdron, traduit de l’anglais australien par Mathieu Prioux, et paru le 11 octobre 2018 chez Denoël dans la collection Lunes d’encre.

Résumé :

Liz Anderson est l’une des cent vingt personnes vivant au sein de la colonie martienne Endeavour. Entourée de ses collègues représentant les principaux pays du monde, et sous la direction de quatre agences spatiales travaillant de concert, Liz s’est engagée pour une mission de dix ans sur la planète rouge. Mais la camaraderie martienne vole en éclats lorsque, sur Terre, le feu nucléaire pleut sur plusieurs grandes villes. Les communications sont coupées et les colons se retrouvent isolés à des dizaines de millions de kilomètres de chez eux. Qui croire quand les rumeurs prennent le pas sur l’information? Vers qui se tourner quand les rivalités entre les nations resurgissent? Et comment, malgré le chagrin et l’incompréhension, continuer à agir pour le bien de la colonie et de l’humanité tout entière? D’autant qu’à chaque instant Mars peut vous tuer.

Avis :

Je suis très partagée sur ce roman. J’aurais aimé vous dire que je l’ai adoré, mais ce n’est pas le cas. Trop d’éléments ont coincé pour moi, et je vais tenter de vous expliquer lesquels…

J’ai appris beaucoup sur l’installation et l’adaptation d’une colonie humaine sur Mars de manière pérenne, j’ai d’ailleurs retrouvé un certain nombre de notions abordées lors de la conférence sur le projet MELiSSA aux Utopiales (podcast de la conférence par ici). On sent que l’auteur a fait des recherches solides, sa colonie tient la route par rapport aux recherches actuelles sur la vie autonome dans l’espace, et c’est extrêmement intéressant. Vous l’aurez compris, l’univers mis en place par Peter Cawdron est le point fort de ce roman.

Le premier gros problème, de mon point de vue, est le personnage principal, qui est aussi la narratrice de l’histoire. Liz est une tête à claques superficielle. On se demande comment elle a pu être sélectionnée parmi les milliers de candidats pour intégrer les 120 membres de la colonie. Elle a déjà eu une histoire avec un des hommes américains pendant les sélections, et entretient une romance avec un des membres de l’équipe Chinoise au moment où se déroule l’intrigue. Que les « martiens » aient une vie amoureuse ne me dérange pas en soi. Mais ils sont censés avoir notamment une grande stabilité psychologique, et on a une espèce de Bridget Jones de l’espace, qui se laisse totalement influencer par ses sentiments dans ses actions et réactions. Ça ne la rend pas crédible comme scientifique et « élue » de la NASA pour intégrer le programme.

Deuxième problème, ou plutôt un gros manque je trouve. On a une colonie martienne internationale, avec quatre modules, un américain, un russe, un chinois et un eurasiatique. C’était une magnifique occasion de montrer les différentes façons d’aborder la colonisation de Mars, l’enfermement, la vie quotidienne de multiples points de vues culturels. Hors l’auteur ne nous présente « que » le point de vue américain, et encore, le point de vue d’une américaine, et pas la plus flatteuse pour l’image du pays. Il y avait tellement à faire autour des différences culturelles et de la construction d’une « nation martienne » à partir de cette mosaïque, une réflexion autour de la possibilité d’être humains de toutes nations à vivre ensemble. J’ai été très frustrée de ce point de vue.

Enfin, le troisième problème, je ne peux pas trop vous en parler, mais il concerne le twist qui apparaît au cours du roman. Cette révélation, je n’ai pas réussi a y adhérer. Du coup, j’ai eu du mal à prendre l’intrigue au sérieux. Peut-être est-ce un mécanisme de défense par rapport à des événements que je considère trop irréalistes, même pour de la science-fiction ? Je me rends compte que, petit à petit, je deviens plus exigeante sur le contenu des romans « adultes » de science-fiction, en accumulant les lectures. Même si je ne suis encore qu’une bébé lectrice dans le domaine^^

Il y a une chose qu’on ne peut pas enlever à Peter Cawdron, c’est les qualités très visuelles de son style. Son roman s’inscrit dans la mouvance de Seul sur Mars et autres Interstellar ou Gravity, des scénarios catastrophe dans l’espace. Avec ici l’originalité que la catastrophe originelle se situe sur Terre, sous la forme d’une guerre nucléaire. Tout dans l’écriture de l’auteur semble fait pour être vu plutôt que lu. Ça pourrait sans doute être un bon blockbuster, avec la présence  (trop) discrète de toutes sortes de minorités (ethniques, sexuelles…) et des scènes d’action à couper le souffle. Mais le film manquerait pour moi d’âme et de réalisme, mis à part la vie quotidienne de la colonie qui est, comme je l’ai déjà dit, très bien documentée.

Je suis très déçue de cette lecture, et très frustrée surtout. Avec toutes les recherches faites par l’auteur en amont de l’écriture, j’aurais aimé tellement plus. Il y avait matière à faire un excellent roman de science-fiction, et les bonnes idées se sont trouvées diluées dans des incohérences et une vision des choses trop simpliste à mon goût, sans compter les états d’âmes de Liz, qui ont fini par m’insupporter.

Logo Editions Denoël

J’ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec les éditions Denoël. Merci à eux pour la confiance renouvelée.

6 réflexions sur “Rétrograde – Peter Cawdron

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