La cité de l'orque - Sam J. Miller

La cité de l’orque – Sam J. Miller

La cité de l'orque - Sam J. Miller

La cité de l’orque est un roman post-apocalyptique de Sam J. Miller, publié le 30 janvier 2019 chez Albin Michel Imaginaire. Montée des eaux, villes flottantes, intelligence artificielle et transhumanisme sont au programme de ce thriller.

Résumé :

22ème siècle.
Les bouleversements climatiques ont englouti une bonne partie des zones côtières. New York est tombé; les États-Unis ont suivi. Au large de pays plongés dans le chaos, ou en voie de désertification, de nombreuses cités flottantes ont vu le jour. Régies par des actionnaires, elles abritent des millions de réfugiés.
C’est sur Qaanaaq, l’une de ces immenses plateformes surpeuplées, qu’arrive un jour, par bateau, une étrange guerrière inuit. Elle est accompagnée d’un ours polaire et suivie, en mer, par une orque. Qui est-elle ? Est-elle venue ici pour se venger ? Sauver un être qui lui serait cher ?

Avis :

Ce roman me faisait de l’œil depuis l’annonce de sa parution par Albin Michel Imaginaire. Les thèmes abordés par ce titre m’intéressaient particulièrement. Migrations climatiques et transhumanisme en tête. Et puis à la lecture, j’ai découvert un roman qui cachait bien plus de réflexions sur notre monde que ce à quoi je m’attendais, plus profond. Et finalement très accessible au niveau science-fiction. On est vraiment de la dystopie abordable, où l’humain prime sur la science, au niveau de la réflexion du moins.

On suit tout au long du livre le point de vue de plusieurs habitants de Qaanaaq, Fill, petit-fils d’un des richissimes fondateurs de Qaanaaq, Ankit, jeune femme qui travaille pour une politicienne, Kaev, lutteur sur poutres, et occasionnellement membre de la pègre locale, et enfin Soq, coursier, humain non genré qui parle de lui au pluriel pour ne pas choisir un pronom. Quatre jeunes gens qui représentent un éventail du microcosme de la ville flottante, même si on est quand même plus  du côté de la plèbe que des dirigeants. Le parti pris de l’auteur est d’ailleurs assez clair à ce sujet, comme dans toute dystopie, les méchants riches dirigent et s’enrichissent sur le dos du gentil peuple.A ceci près qu’ici, les actionnaires de la ville partagent sa gestion avec un réseau d’intelligences artificielles. Les habitants ont des implants dans la mâchoire qui leurs permettent de communiquer, d’avoir accès aux réseaux, mais aussi bien sûr d’être localisé…

Un sujet central du livre est aussi la vague migratoire engendrée par la hausse du niveau des eaux. Les migrants,comme souvent, sont source de tous les maux, de la surpopulation à la hausse de criminalité, en passant par l’explosion de cette nouvelle maladie sexuellement transmissible, les Failles… Maladie dont l’auteur fait un parallèle avec le SIDA dans l’article ci-dessous, traduit par l’équipe Albin Michel Imaginaire.

📖Pourquoi nous, romanciers, devons continuer à écrire sur le SIDA.

Outre les quatre narrateurs, certains personnages ont aussi leur importance, notamment Masaaraq, l’orcamancienne, inuit arrivée récemment à Qaanaaq en compagnie d’une orque et d’un ours polaire. Elle a une relation très particulière avec l’orque, fusionnelle. Leur présence fait l’objet de nombreuses légendes urbaines.

Sans oublier « Ville sans plan », podcast mystérieux oeuvre d’un auteur inconnu, relayé par de nombreux lecteurs, et d’encore plus nombreux auditeurs. Emission pirate qui passe au-delà des pare-feu des intelligences artificielles qui gèrent la cité. Les IA seraient-elles obsolètes ?

Les chemins des narrateurs se croisent régulièrement, voire sont liés d’une manière ou d’une autre, parfois par des hasards un peu trop heureux pour rester réalistes. L’auteur aurait pu, je pense, se passer d’un certain nombre de ces artifices.

Une deuxième chose m’a gênée, et c’est dommage car au début je pensais que ça pouvait être un choix narratif fort. Il s’agit de Soq. Ce personnage non genré, qui refuse l’utilisation d’un pronom ou d’un autre et choisit le pluriel. Choix très intéressant, mais hélas qui ne fonctionne pas. En effet, Soq refuse les cases, mais son pluriel est systématiquement masculin. Je ne sais pas si c’est un problème de texte original ou de traduction, mais c’est pour moi un problème. D’autant plus qu’on dispose de pronoms non genrés dans l’écriture inclusive.

La cité de l’orque est un roman qui pose de nombreuses questions sur l’évolution de notre société, et interroge sur des problématiques très actuelles. La narration alternée fait qu’on avance vite dans la lecture, car on a envie de connaître l’évolution des différents personnages. Je n’ai pas vu passer les presque 400 pages, que j’ai avalées en à peine deux jours. Si j’ai réellement apprécié ma lecture, je me dis au bout du compte que 400 pages, c’est très peu pour la quantité de thématiques abordées. Certaines sont en effet à peine effleurées, et auraient mérité plus de place.

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6 réflexions sur “La cité de l’orque – Sam J. Miller

  1. tampopo24 dit :

    Une chronique qui me donne envie. J’avais aussi repéré le titre dont le sujet et surtout la couverture m’interpelaient, j’aime bien qu’en plus on parle un peu de la question du genre. Il finira un jour ou l’autre dans ma PAL, maintenant j’en suis sûre ^^
    Merci pour l’avis !

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  2. Gilles Dumay dit :

    Bonjour Sophie,
    Le choix de traduire le « they » de Soq par la troisième personne du pluriel a été fait avec l’accord de Sam J. Miller (et a donné lieu à plusieurs discussions avant même que la traduction ne soit entamée). Il y a des choses que la langue anglaise permet que la langue française ne permet pas. Nous avons une des langues les plus genrées qui soit.
    Tous les romans récents qui traitent des thématiques de genre, je pense surtout à la trilogie de l’ancillaire d’Ann Leckie (que j’avais essayé d’acheter pour Denoël), ont provoqué des débats (sans fin ?) quant à la façon de traduire les féminins, les masculins, les neutres et j’en passe.
    Bien souvent traduire c’est choisir.
    En attendant qu’une règle grammaticale (adoptée par les éditions Albin Michel) émerge, nous avons essayé de trouver ce qui « marchait » le mieux. Il en est de même de tous les problèmes insolubles : il faut vivre avec. 😉

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